Point Lecture : Ces liens qui nous séparent


Auteur : Ann Brashares
Traduction française : Vanessa Rubio-Barreau
Editions : Gallimard Jeunesse
Date de parution (version anglaise et française) : 2017

Résumé sur la quatrième de couverture : « Sasha et Ray passent tous leurs étés dans la vieille maison de famille de Long Island. Depuis l’enfance, ils partagent tout, lisent les mêmes livres, courent les mêmes sentiers sablonneux vers la plage, dorment dans le même lit. Mais ils ne se sont jamais rencontrés ! Car le père de la jeune fille a été marié avec Lila, la mère de Ray. Et depuis leur séparation houleuse, chacun a refait sa vie et veille à ce que leurs nouvelles familles ne soient JAMAIS en même temps dans la maison de vacances. Mais cet été, le destin s’en mêle, aidé d’Emma, Quinn et Mattie, leurs trois sœurs irrésistibles. Les chemins de Ray et Sacha vont enfin se croiser. Et bien des certitudes vont voler en éclats. »

Pour cette revue lecture, mon article ne sera pas divisé en plusieurs parties, il sera également plus court. Les présentations de ces articles « REVUE DE LECTURE » dépendront du livre dont je parle. Plus j’ai de choses à dire, d’analyses à faire, de critiques… plus la présentation de l’article sera complexe et longue. Ce n’est pas le cas ici.

  • Avant propos :

Je suis une grande fan d’Ann Brashares. J’ai lu tous ses livres traduits en français et elle ne m’a jamais déçue. A ce jour, je pense qu’elle est d’ailleurs la seule auteure dont j’ai lu tous les livres. Cependant, j’ai ressenti une légère déception sur ce livre-ci. Je ne sais pas si j’ai été influencée par les commentaires que j’ai lu au moment de mon achat du roman, ou si, ayant lu ses autres ouvrages au moment de mon adolescence, je n’étais plus dans le bon état d’esprit pour apprécier cette histoire, quoi qu’il en soit, je dirais qu’elle a fait mieux. Pourtant il y avait tout pour me séduire : une histoire familiale compliquée, des vies parallèles impossibles à croiser (ou presque) avec les personnages de Ray et de Sasha, des secrets qui refont surface…


  • Les éléments que j’ai relevés :

Premièrement, je trouve que la famille est trop complexe pour être crédible. On se mélange les pinceaux et il faut être assez attentifs. Après, je n’écris pas qu’une famille comme ça puisse être impossible, mais personnellement j’ai trouvé qu’il y avait trop de complexité. Entre les trois sœurs que Sasha et Ray ont en commun, Ray qui a aussi d’autres frères et sœurs du côté de son père, le père de Sasha et des trois sœurs qui a été adopté…

Deuxièmement, je vais écrire quelques mots sur le côté « alter-ego » de Sasha et Ray. Tout est insisté sur ça, ils partagent la même chambre de la maison de vacances mais pas en même temps, ils font le même job d’été mais pas les mêmes semaines, Ray est aussi blond que Sasha est brune… Même leur échange de mails est « confusant », cela dit je pense que c’est fait exprès. Je suppose que l’auteure a voulu accentuer cette confusion volontairement. Cela ne m’a pas gêné. En revanche, là où j’ai moins aimé, c’est sur l’insistance qui est portée au fait que Sasha et Ray ne se soient jamais rencontrés. Surtout dans les premiers chapitres du roman, je trouvais que c’était lourd. J’avais envie de dire : « c’est bon j’ai COMPRIS ». A ce propos, le fait qu’ils ne se soient jamais vus, pas même en photo (à part des photos d’eux petits) m’a laissé perplexe aussi. Je sais bien que l’auteure a fait ça pour entretenir le mystère qu’éprouvaient ces deux personnages l’un envers l’autre, sauf qu’à notre époque je trouve ça trop improbable. Avec tous les réseaux sociaux qu’utilisent les adolescents ! On nous dit que Ray a fermé son compte Facebook. Rien de surprenant, cela dit qu’il n’ait jamais vu de photos de Sasha avec ses trois sœurs sur leurs téléphones par exemple ou qu’on ne lui ait jamais montré à quoi ressemblait Sasha… Le clivage me paraît trop improbable. Dans ce contexte, j’ai presque l’impression que Sasha et Ray sont plus des représentations métaphoriques, des incarnations de la séparation de Robert et Lila que des personnes réelles dans l’histoire. Je suppose que c'était aussi l'idée, et je trouve ça plutôt intéressant, c'est simplement le fait qu'ils ne soient jamais vraiment vus qui m'intrigue beaucoup trop.

Troisièmement, le « malheur » qui frappe le ou les personnages, marque de fabrique d’Ann Brashares, devient un peu lassant. Si je n’avais pas lu ses autres livres cela ne m’aurait pas choqué. C’est le risque de répétition lorsqu’on lit plusieurs ouvrages d’un même auteur. Cependant, il est vrai que j’apprécie lorsque les auteurs écrivent des choses différentes, j’aime ce qui est varié. J’écris ça tout en reconnaissant que ce n’est pas simple, j’ignore si j’en serais capable moi-même. Cela dit en tant que lecteur, je n’aime pas qu’un auteur réutilise trop souvent certains schémas (par exemple avec Musso : dans tous les livres que j’ai lus, il y avait toujours un personnage devenu flic, mais qui avait un passé douteux de jeune de banlieue avec des problématique de drogues...). Si comme moi vous avez lu d’autres ouvrages d’Ann Brashares vous comprendrez rapidement de quoi je parle. D’autant plus que dans ce dernier livre, je trouve qu’on le voit venir gros comme une maison. J’ai compris très vite qui allai(en)t être concerné(s). De ce fait je ne me suis même pas sentie touchée par l’émotion parce que je me suis dis « allez encore ! ».

  • Quelques mots sur la manière dont l’histoire est abordée :

L’auteure ne s’est pas focalisée sur un seul point de vu. Elle aborde ceux de tous les enfants de la famille. On suit plusieurs histoires à la fois, qui tournent autour de la famille mais pas uniquement celle de Ray et Sasha qui finalement n’est pas principale. Je n’ai pas de commentaires à faire là-dessus.


Conclusion : Malgré ce que je viens d’exposer ci-dessus ce n’est pas un livre que j’ai trouvé mauvais. L’histoire reste quand même plaisante à lire. C’est un roman qui se lit rapidement. Cela dit, rien de « transcendant » comparativement avec ce que j’ai pu lire d’Ann Brashares auparavant. Alors, encore une fois est-ce que je suis devenue trop « adulte » pour ce genre de livre en catégorie jeunesse ou est-ce que cet ouvrage est objectivement moins bon que les autres, je ne pourrais pas le dire. Quoi qu’il en soit si vous aimez les histoires de familles un peu compliquées, je pense que cet ouvrage peut vous satisfaire.


Note à part : 
Un détail qui m’a gêné : la perception de certaines jeunes filles en personnages secondaires qui y est décrite. Je la trouve un peu négative et moralisante. J’ai ressenti une sorte de clivage un peu cliché, entre les filles « bien » simples mais avec du charme dont le garçon va tomber amoureux et les filles un peu plus « superficielles et populaires » qui vont avoir une image moins flatteuse et avec qui ça risque moins d’être sérieux. Je pense par exemple à la description des copines fictives (celles que s’imagine Ray quand il évoque les réseaux sociaux) et non fictives de Sasha, ainsi qu’au personnage de Violet. J’aimerais voir un peu moins ce genre de chose dans les romans, et films pour adolescents. Bien que ça soit le point de vue de Ray qui est utilisé pour les décrire, la réalité est plus nuancée et je fais l’hypothèse que la majorité des garçons ne voient pas les choses d’une façon aussi clivée. Il y a les filles qui leur plaisent et celles qui ne leur plaisent pas. Point. Le clivage filles « superficielles » d’un côté et filles « simples » de l’autre serait peut-être une vision plus souvent féminine (je suppose, je n’affirme pas) et dépendrait de nos petites guerres-guerres de femmes qui ne devraient pas avoir raison d’être.
Pour creuser le sujet du clivage des filles dans les œuvres pour adolescents : « L’adolescente et le cinéma : de Lolita à Twilight » sous la direction de Sébastien Dupont et Hugues Paris. Voir le chapitre sur les Teen Movies.


Lisa

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