Ecrit N°2 : Citadine chrono
6h00
J’entends
les camions qui ramassent les poubelles. J’entends les premières
voitures, les premiers bus. Je ne peux plus fermer l’œil. Dehors,
il fait encore nuit. Pourtant, la ville se réveille.
7H00
Beaucoup
de réveils sonnent. Le mien aussi. Je déteste ce moment.
8H00
Je
suis dehors. Il fait froid, il fait sombre. Les gens courent après
leurs bus. Les voitures s’amassent dans les bouchons. Ça sent les
pots d’échappement. Mon organisme perçoit l’air impur mais je
ne m’en rends pas compte tout de suite, je marche vite. Je crois
être en retard comme d’habitude, mais j’arriverai pourtant à
l’heure.
8H30
J’avais
froid, maintenant j’ai chaud. Quand j’arrive à la Fac, mon
manteau est ouvert et mon écharpe est ôtée.
12H00
Pause
déjeuné. Il y a du monde en ville. Il y a du bruit. Il y a la queue
dans les sandwicheries.
14H00
Les
cours reprennent.
18H00
Je
sors. Il fait nuit. Il y a des bouchons encore, et l’odeur des pots
d’échappement. La rue Nationale déborde. Je marche vite.
18H30
Je
suis rentrée. Je me connecte aux réseaux sociaux. Je laisse mon
esprit se noyer dans des informations impertinentes.
Tic
Tac, l’horloge défile. J’aurais dû faire quelque chose de plus
intéressant.
19H00
J’allume
mes plaques eco +. Je mets de l’eau à bouillir pour faire des
pâtes. Je manque de temps et de budget pour faire plus varié.
19H30
Je
mange en regardant une série.
20H30
Je
fais la vaisselle en écoutant de la musique.
21H00
Je
prends une douche chaude.
21H30
Je
suis dans mon lit. Je regarde encore les réseaux. J’aurais dû
faire quelque chose de plus intéressant mais j’attendais une
réponse à un message.
22H15
Je
me dis que je devrais lire un peu. Pourquoi ne l’avais-je pas fait
plus tôt ? Ah oui… les réseaux…
22H45
J’éteins
la lumière.
Tic
Tac, je sens le temps qui passe. Je m’angoisse. Je devrais dormir
mais mon esprit enfermé toute la journée vagabonde, libéré de
distraction.
00H00
Je
dors.
6h00
J’entends
les camions qui ramassent les poubelles. J’entends les premières
voitures, les premiers bus. Je ne peux plus fermer l’œil. Dehors,
il fait encore nuit. Pourtant, la ville se réveille.
(...)
L’autre
jour, j’étais assise sur un banc. C’était dans un parc. Un
grand parc. C’était un samedi, nous étions début octobre et il
faisait bien trop chaud. J’étais assise sous un arbre mais je me
suis soudainement sentie oppressée. Il y avait du monde. Des enfants
qui jouaient et criaient. Des gens promenant leurs chiens. Des gens
qui courraient. J’ai regardé ce monde grouiller dans cet espace de
verdure et j’ai eu du mal à respirer.
J’entendais
les voitures. Je les voyais passer au-dessus du parc sur un très
grand pont qui traversait ensuite la Loire. Je sentais une brise
légère caresser ma peau et j’appréciais la douce chaleur du
soleil déclinant. Cependant, même en fermant les yeux, je
ressentais profondément le manque de campagne. Le manque de nature
et de calme. Je voulais marcher sans croiser personne. Je voulais
être seule un moment. Exister sans ressentir au plus profond de mon
être le chronomètre citadin. J’ai grandi proche des forêts et
des champs. Il m’était courant de croiser des renards, des daims,
des lièvres… J’avais des grands-parents qui cultivaient un
jardin. Lorsque je passais quelques jours chez eux, j’allais
chercher les œufs du poulailler, je cueillais des cerises, des
fraises, des framboises… Papi avait fait une cabane dans les
arbres, et nous partagions avec mon cousin et ma cousine d’éternelles
parties de cache-cache, dans un jardin qui nous apparaissait alors
immense.
Je
regrette que l’être humain se soit autant détaché de la nature.
Je ne fais pas exception à la règle. Et parfois, je sens à quel
point ce détachement me pèse. C’est pour cela que je déteste les
villes. Je ne m’y sens pas à ma place. Je me fait embarquer dans
une spirale. À
la campagne, la vie m’apparaissait plus douce. Un jour, j’y
retournerais. En espérant qu’elle existe encore.
En
attendant, lundi revient toujours. Tout comme la routine citadine. Si
je la méprise parfois, elle me rassure aussi. La routine est
sécurisante, mais la ville assaille mes sens. Elle me distrait, elle
m’oblige à être attentive. Regarder le feu passer au vert. Ne pas
se faire écraser, bousculer, tourner à la bonne rue… Quand je
marche au milieu d’un champ rien oblige cette attention, mon esprit
vagabonde en même temps que j’avance. En ville, il se heurte aux
passages piétons. Il fait du surplace.
Et
puis il y a les nouvelles technologies, qui n’envahissent pas que
les villes. Je les lie pourtant à elles, parce qu’elles s’associent
à la modernité. Les villes en étant le symbole même. Nous nous
déconnectons de la nature, et des gens. Dissimulés derrière nos
immeubles et écrans. Nous nous lions à travers le virtuel. Parfois,
cela est fantastique parce que nous découvrons des personnalités
que nous n’aurions jamais eu l’opportunité de rencontrer dans la
réalité. Et parfois, cela est destructeur parce que nous perdons du
temps. Je me laisse aussi piéger par cette distraction, mais je
résiste encore à payer un forfait 4G sur mon téléphone.
L’ordinateur suffit. Le wi-fi gratuit aussi. Alors, le chronomètre
retentit inlassablement. 6H 7H 8H… les jours déclinent. J’oublie
de respirer. Je gobe l’information, la misère du monde. Je
l’avale. Je m’attriste. Je m’énerve. Je partage. Je me sens
trop consciente de tout. Connectée. Les machines nous prolongent et
nous perdent.
6h00
J’entends
les camions qui ramassent les poubelles. J’entends les premières
voitures, les premiers bus. Je ne peux plus fermer l’œil. Dehors,
il fait encore nuit. Pourtant, la ville se réveille.
7H00
Beaucoup
de réveils sonnent. Le mien aussi. Je déteste ce moment.
8H00
Je
suis dehors. Il fait froid, il fait sombre. Les gens courent après
leurs bus. Les voitures s’amassent dans les bouchons. Ça sent les
pots d’échappement. Mon organisme perçoit l’air impur mais je
ne m’en rend pas compte tout de suite, je marche vite. Je crois
être en retard comme d’habitude, mais j’arriverai pourtant à
l’heure.
8H30
J’avais
froid, maintenant j’ai chaud. Quand j’arrive à la Fac mon
manteau est ouvert et mon écharpe est ôtée.
12H00
Pause
déjeuné. Il y a du monde en ville. Il y a du bruit. Il y a la queue
dans les sandwicheries.
14H00
Les
cours reprennent.
18H00
Je
sors. Il fait nuit. Il y a des bouchons encore, et l’odeur des pots
d’échappement. La rue Nationale déborde. Je marche vite.
18H30
Je
suis rentrée. Je me connecte aux réseaux sociaux. Je laisse mon
esprit se noyer dans des informations impertinentes.
Tic
Tac, l’horloge défile. J’aurais dû faire quelque chose de plus
intéressant.
19H00
J’allume
mes plaques eco +. Je mets de l’eau à bouillir pour faire des
pâtes. Je manque de temps et de budget pour faire plus varié.
19H30
Je
mange en regardant une série.
20H30
Je
fais la vaisselle en écoutant de la musique.
21H00
Je
prends une douche chaude.
21H30
Je
suis dans mon lit. Je regarde encore les réseaux. J’aurais dû
faire quelque chose de plus intéressant mais j’attendais une
réponse à un message.
22H15
Je
me dis que je devrais lire un peu. Pourquoi ne l’avais-je pas fait
plus tôt ? Ah oui… les réseaux…
22H45
J’éteins
la lumière.
Tic
Tac, je sens le temps qui passe. Je m’angoisse. Je devrais dormir
mais mon esprit enfermé toute la journée vagabonde, libéré de
distraction.
00H00
Je
dors.
Lisa
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