Point lecture : Une sirène à Paris de Mathias Malzieu



Auteur : Mathias Malzieu
Année de parution : 2019
Editions : Albin Michel
Résumé : Nous sommes en juin 2016, la Seine est en crue. De nombreuses disparitions sont signalées sur les quais. Attiré par un chant aussi étrange que beau, Gaspard Snow découvre le corps d'une sirène blessée, inanimée sous un pont de Paris. Il décide de la ramener chez lui pour la soigner mais tout ne se passe pas comme prévu. La sirène explique à Gaspard que les hommes qui entendent sa voix tombent si intensément amoureux d'elle qu'ils en meurent tous en moins de trois jours. Quant à elle, il lui sera impossible de survivre longtemps loin de son éléments naturel...



J'ai la chance cette année, avec la médiathèque où je ferai mon stage en avril-mai, de participer en tant que jury au prix Imaginales des Bibliothécaires de 2020. En gros, comme les bibliothécaires de la médiathèque, je devrais mettre une note entre 1 et 5 aux cinq livres sélectionnés pour ce prix. Vous pourrez retrouver, en cliquant sur le lien suivant, les cinq romans sélectionnés : https://www.imaginales.fr/prix-litteraires/prix-imaginales-bibliothecaires/

J'ai donc choisi de commencer en lisant Une sirène à Paris. Un roman que j'ai beaucoup vu passer sur les réseaux sociaux et qui est très bien noté sur Livraddict. 

Malheureusement, ce n'était vraiment pas une lecture pour moi. C'est bien pour ça (je le sentais), que je l'avais jusqu'à présent soigneusement évité, malgré les critiques positives qu'il avait. 
L'auteur écrit très bien. Ce n'est pas un mauvais livre (d'ailleurs, il ne serait pas sélectionné si c'était un mauvais livre).

Le problème, c'est que j'ai eu l'impression d'être aspergée de paillettes. J'ai eu l'impression que l'auteur avait un énorme tuyau d'arrosage de paillettes et qu'il visait ma figure. J'en ai trop avalé et ensuite, j'ai vomi. 
J'ai fait une overdose de métaphores, d'écailles qui brillent, et d'éléments d'intrigues complètement "what the fuck". 


Des métaphores qui écœurent comme les crêpes que l'on mange trop au moment de la chandeleur :

Une overdose de métaphores oui. Vous connaissez cette phrase : less is more ? Bah ici c'était pas du tout "less is more". J'ouvre une page au hasard (pour de vrai), p. 92 je cite : "les petits paquets de mousse flottaient sur ses hanches comme la neige sur un lac gelé". Page en face, 93 : "Puis quitta la salle de bain comme on quitte la chambre d'un enfant avant de s'endormir". P. 42 : "le jour entra dans la nuit telle une goutte de lait dans un café noir".  P. 62 : "Milena sortirait le test de grossesse comme on débouche une bouteille de champagne". Et ainsi de suite. Il y a des métaphore de ce style toutes pages ou presque. Je trouvais que c'était trop.


Des filles ensorceleuses à la beauté surnaturelle, 
avec des courbes en chaîne de montagnes. 

J'ai aussi eu un problème avec les personnages féminins. Ils sont tous complètement mystifiés et assez stéréotypés. En tant que femme je ne me reconnais pas du tout en elles. Entre les deux infirmières urgentistes qu'il décrit ainsi : "Alice était ce petit cheval (???) blond (...) Milena elle, était un tout autre animal. Sauvage. Elle avait la rousseur des sorcières et des pierres précieuses brisées à la place des yeux (...) fée hypocondriaque", etc ; ainsi que les femmes que l'on retrouve au restaurant péniche le Flowerburger : les Barberettes, un groupe de chanteuses : "trois filles qui ressemblaient à des danseuses de boîte à musique vivantes" (qui ont ensuite un comportement un peu mièvre, rire niais et envoi de baisers). Mais on trouve aussi au début : une jeune femme décrite comme le sosie de Jessica Rabit avec des seins "comme des gâteaux d'anniversaires", qui avance jusqu'au comptoir "dans un roulis de hanches à donner le mal de mer" et bien évidemment, Gaspard au cœur brisé par sa méchante ex n'a pas envie de sauter cette sublime créature, c'est dire à quel point il va mal. (soupire sarcastique). 

Nous avons aussi Rossy, la vieille célibataire, qui fume comme un pompier et qui passe sa vie avec des bigoudis dans les cheveux, et dont j'imagine le physique comme celui des "cagoles". 


Et enfin, la sirène. La sirène, si fragile, frêle, et animale en même temps. Bon, pour le coup, je veux bien qu'elle ai une beauté mystique. C'est le principe des sirènes. L'auteur s'est fait plaisir. Les écailles qui brillent, son rire qui ressemble au bruit des perles, ses larmes qui sont des perles, et ses seins ! Ses seins qui sont bien trop souvent décrits quand même. Ses seins qui font penser à des "panna cotta vanille dodelinant dans une assiette", ses seins "comme des vestiges d'une cité à engloutir", ses seins comme "la plus petite constellation jamais recensée : deux étoiles". Et puis, il y a ses lèvres aussi, comme des "pare-chocs d’autos-tamponneuses en porcelaine".

Je n'ai pas ressenti d'attachement pour les personnages. Aucun. Trop surnaturel. Il y a moyen d'être fantastique mais un peu moins Photoshopé et remixé à la poudre de perlimpim. J'avais envie de secouer Gaspard pour qu'il arrête de mystifier les femmes comme ça et pour qu'il tombe amoureux de filles plus "normales". Je critique les filles qui tombent amoureuses de gars improbables dans les fictions un peu bit-lit (c'est souvent dans la bit-lit), mais là c'est pareil ! Gaspard ne valait pas mieux.


Sirène ô ma sirène seule ta beauté éternelle suffit à me faire chavirer

Ensuite, il y a l'histoire d'amour que j'ai au final trouvée assez creuse et superficielle. Il tombe amoureux d'elle parce qu'elle est belle. Voilà.
Je n'ai pas du tout été embarquée dans cette idylle.

Et enfin, au niveau du scénario : trop d'éléments "what the fuck" qui se condensent sur la fin.  Une baignoire tirée par une voiture, un détour par l'aquarium dans lequel on peut entrer clandestinement en pleine nuit (bien sûr...), etc etc. Ça part en plein délire sous LSD. Il n'en fini pas de la remettre à l'eau et je n'en pouvais plus. J'ai survolé les dernières pages. La fin n'est pas trop mal mais pas suffisante pour surpasser ma déception des lignes d'avant. 

Conclusion : un conte moderne merveilleux absolument pas pour moi. 

Ma note sur livraddict : 10/20


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